SOCIÉTÉ

Gabon : Les voyageurs du train découvrent grâce à la famille Ludacris l’existence d’un Wagon grand luxe Setrag

L’arrivée d’Eudoxie MBOUGUIENGUE, épouse du célèbre rappeur et acteur américain Ludacris, au Gabon pour des vacances estivales aurait pu passer inaperçue. Mais lorsque des clichés de son voyage à Franceville avec sa famille, à bord d’un wagon d’un luxe inouï ont fait le tour des réseaux sociaux, la donne a changé. Au-delà de la joie de revoir une fille du pays entourée de ses proches, c’est l’opulence ayant suscité étonnement et, pour certains, une franche interrogation.

Les images parlaient d’elles-mêmes : un confort rarement vu sur les rails, réservé à une élite. Un cadre contrastant radicalement avec le quotidien des citoyens empruntant les trains Omnibus et Express, où les billets sont bien plus accessibles (entre 9 500 et 33 100 FCFA). La révélation du tarif aller-retour de plusieurs millions de francs CFA pour accéder à ce wagon d’exception a renforcé le sentiment d’injustice et de distance entre les privilégiés et le peuple.

Pour éclairer ce mystère roulant, il est bon de rappeler qu’il a été acquis et dévoilé en mai 2019, à la demande du Ministère des Transports et de la Logistique du temps de Justin Ndoundangoye. Conçu par l’entreprise gabonaise Edificio, il devait initialement servir aux déplacements du Chef de l’État et de sa suite. On salue l’utilisation de matériaux locaux, notamment le bois de Mvengue, pour sa décoration. Avec ses quatre pièces, ce wagon offre un confort inégalé avec son salon-bar, sa chambre avec douche et une dizaine de places pour les invités.

Wagon présidentiel Setrag © DR

En effet, l’utilisation par des personnalités autres que le Président de la République pose question. Si l’allocation de ce luxe est justifiée pour des raisons de sécurité ou de protocole, il est impératif que les règles d’utilisation soient transparentes et connues de tous. Le débat ouvert à la suite de cette découverte est légitime. Il est le reflet d’une société tiraillée entre la fierté d’un savoir-faire local et l’inégalité d’accès à ces privilèges.

Cette affaire est bien plus qu’une simple anecdote. Elle met en lumière un défi crucial pour le Gabon : comment concilier le développement et la modernisation avec une plus grande équité sociale ? Comment s’assurer que les progrès profitent à tous et non à une poignée d’élus ?

Le gouvernement et les acteurs économiques sont appelés à réfléchir aux moyens de briser les barrières sociales, d’investir dans des infrastructures accessibles à tous, et de garantir une répartition plus juste des richesses. L’épisode du « wagon présidentiel » doit servir de catalyseur pour un débat plus large sur l’avenir du Gabon, un avenir où le luxe ne rime pas avec exclusion.

Wagon présidentiel © DR

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