SOCIÉTÉ

Crues récurrentes du fleuve Ogooué à Lambaréné : causes et solutions

LES CAUSES : les phénomènes naturels tels que les crues sont la résultante de pluies exceptionnelles, mais aussi d'un autre facteur qu'est la topographie.

Lambaréné (pour ceux qui ne le savent pas) est situé en plein « delta intérieur de l’Ogooué ». Il s’agit d’une vaste plaine alluviale de 50km de large (ayant la forme d’une cuvette) ,qui recueille toutes les eaux en provenance du fleuve Ogooué, mais aussi de tous les affluents et autres rivières faisant partie du bassin versant de l’Ogooué. Ce qui signifie que si il pleut abondamment en amont de Lambaréné, toutes ces eaux finiront par se déverser dans ce delta intérieur, avant de poursuivre leur route.

Il faut aussi ajouter à ses facteurs le changement climatique qui, selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), dans un rapport publié en Août 2021, va causer une augmentation (ou intensification) des épisodes de précipitations (pluies) à mesure que la température moyenne de la planète augmentera.

Si l’on s’en tient à la chronologie des fortes crues ayant atteint cette ville, on se rendra compte que 1961, 1988, 2019 et 2020 avaient déjà été des années de fortes inondations. En Novembre 2022, l’épisode se répète encore, ce qui tend à faire penser que au delà des crues centennales ou décennales, la région va connaître des crues à chaque début de saison pluvieuse…(pour le moment, ce n’est qu’une hypothèse).

Enfin, si ces crues ont un fort impact, c’est tout simplement parceque de nombreux ménages sont exposés au risque d’inondation avec les pertes en biens et en vie que cela peut entraîner. Les servitudes (écarts) d’occupations entre le fleuve et les terres n’ont pas été respectés. Beaucoup ont construits au sein des zones inondables , sans adaptations préalables des concessions ou des logements. Les zones de passages des eaux se retrouvent aussi jonchés de déchets (cas du quartier carrière). Le deuxième arrondissement s’est développé sur une plaine inondable.

LES SOLUTIONS :

1/ À court terme :

– Interdire toute nouvelle construction privée à usage d’habitation ou de commerce dans les zones inondables ou réglementer les normes de construction dans ces zones en obligeant les propriétaires à adapter leur construction ou parcelle (surélévation des habitations, usage du système de construction sur pilotis, créations de réseaux de drainage des eaux dans les concessions);

– Assainir en permanence les caniveaux et les marécages de la ville, et interdire également tout rejet d’ordure dans les caniveaux et les marécages;

– Faire usage des barrières anti-inondations démontables en les installant le long des berges stratégiques de la ville lors de la montée des eaux du fleuve (axe centre ville- port passager; axe Sahoty-Dakar; les voies parallèles aux Berges des quartiers Adouma, Magnang et Atsié; les quartiers vulnérables à proximité de lacs et marécages tels que Mbolet et la carrière);

– IDENTIFIER DES POINTS DE REFUGES STRATÉGIQUES DANS LA VILLE POUVANT ACCUEILLIR TEMPORAIREMENT DES SINISTRÉS EN CAS D’INONDATIONS et élaborer un Plan d’évacuation de la population.

Ici les points suivants peuvent être des zones de refuge: Hôpital Albert Schweitzer, le Collège Mgr Jean Baptiste Adiwa, l’ancien hôpital général, le Lycée Charles Mefane, l’aéroport Georges Rawiri, le stade municipal du 2e arrondissement, le stade Jean Nkoumou, l’hôpital Georges Rawiri, la maison de la femme.

Ces points ont l’avantage d’être en hauteur pour certains et loin du fleuve et des lacs pour d’autres.

2/ À LONG TERME :

– Aménager des grands canaux de drainage des eaux pluviales dans les deux arrondissements;

-Restructurer les quartiers vulnérables ;

– Surélever les voies situés à proximité de l’Ogooué;

– Démolir les constructions se trouvant dans les zones inondables ;

– Suivre les recommandations du Schéma Directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU) élaboré en 2019, en aménageant une digue du centre-ville au port passager;

– Développer de nouveaux quartiers planifiés dans les zones d’extension communales (cas du projet de Lambaréné 2, initié dans la zone de Akama Nkendzè, mais qui a connu un arrêt des travaux);

– Créer un réseau permanent de surveillance du fleuve alliant ressources humaines (Poste de Commandement Communal) et techniques (Centre de surveillance des eaux du fleuve) dont vous trouverez une proposition d’organigramme dans les images.

NB : il faut savoir que en 1961, l’ORSTOM avait déjà recommandé des travaux d’aménagements qui n’ont pas été suivis. En 1983, le schéma préliminaire d’urbanisme avait déjà prescrit l’implantation des canaux de drainage et des digues. En 1985 un plan d’urgence anti-inondations avait été proposé par un comité d’infrastructure et d’embellissement de la ville. En 2019 le SDAU de la ville a prescrit l’implantation d’une digue et la restructuration des quartiers vulnérables pour lutter contre les effets néfastes des crues. Des études existent au sein de la direction provinciale de l’habitat, notamment une qui porte sur l’élaboration d’un plan de prévention du risque d’inondation dans la ville de Lambaréné réalisé en 2021.

Les recommandations de ces documents n’ont jamais été appliquées.

Source BARBERA-ISAAC Léon Pierre, urbaniste DEIAU

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