SOCIÉTÉ

Bikele-Nzong : Le Projet de Relogement et les Préoccupations des Déguerpis

Le projet de construction de 1 070 logements à Bikele-Nzong pour les habitants impactés par l’assainissement des bassins versants va accueillir 490 familles victimes des récentes démolitions dans le grand Libreville. Piloté par l’Unité de Coordination et d’Exécution des Travaux (UCET), il est financé par la BDEAC et la Banque Islamique de Développement (BID). Le site de 75 hectares, intégrera également des équipements collectifs.

En effet, le projet ayant bénéficié d’un financement initial de 40 milliards de FCFA de la BDEAC pour démarrer les travaux, puis d’un tout autre additionnel de 20 milliards de FCFA pour les achever, soit un total de 60 milliards de FCFA a vu également la contribution de la BID, à hauteur de 29 milliards de FCFA. Il prévoit dans sa première phase la livraison de 300 logements d’ici août 2025.

Parallèlement, le gouvernement mène une campagne de sensibilisation et assure que seules les familles recensées en 2017, et répondant aux critères établis, seront indemnisées ou relogées. Cependant, certaines sources indiquent qu’une autre catégorie pourrait également bénéficier d’un accompagnement de l’état.

Mis en œuvre après plus de dix ans de léthargie, il s’inscrit dans une démarche plus large de développement urbain avec des démolitions potentiellement prévues d’ici la fin de l’année en cours. Initialement, ces logements en construction étaient destinés aux populations impactées par l’aménagement de trois bassins versants : Gué-Gué, Lowé et Terres nouvelles. Les bénéficiaires potentiels avaient été identifiés depuis fort longtemps.

Triste est de constater qu’il a connu un arrêt de plus de cinq ans en raison d’un conflit avec l’Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN), cette dernière estimant que le titre foncier alloué empiétait sur la zone tampon du parc d’Akanda. Après cette longue période d’attente, le gouvernement précédent avait exigé la reprise des travaux, permettant de facto la poursuite des financements et donc dudit projet. En principe, la relocalisation des populations aurait dû se faire en fin 2023 après le raccordement à l’eau et à l’électricité.

En réquisitionnant ces logements, le pouvoir actuel ne fait que retarder le processus. Les bénéficiaires déjà indemnisés se retrouvent dans l’incertitude quant à leur avenir, leurs habitations étant susceptibles d’être démolies, les laissant potentiellement à la belle étoile. On assiste ainsi à une situation où les biens immobiliers des précédents ayants droits sont réaffectés aux sinistrés d’aujourd’hui.

Un minimum de planification est essentiel dans les projets d’aménagement urbain pour minimiser l’impact humain. Il serait plus judicieux de construire avant de démolir. Le fait de les attribuer à d’autres concitoyens prouve à suffisance qu’il n’y avait rien de prévu avant d’ordonner la démolition observée. Le bon sens commande de construire d’abord avant de détruire.

Par ailleurs, des questions persistent. Où dorment actuellement les déguerpis à qui le président a promis un relogement ? Combien de temps devront-ils patienter avant la finalisation du projet, sachant les délais souvent longs des projets au Gabon ? Qui prendra en charge les dépenses liées à leur situation ? Ces questions méritent des réponses claires et rapides.

Par Samuel Evan’s MISSEVOU

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