Rite ancestral et marche mémorable : Les Mpongwé honorent leurs traditions lors d’Evandaganye, un quart de siècle après
Les rues de la côte de Libreville ont été le théâtre d'un événement spirituel d'une rare intensité à l'aube du samedi 28 juin 2025. Les Mpongwé, fidèles à leurs traditions ancestrales, ont accompli un rituel d'une profonde signification dans le cadre de "Evandaganye".

Une marche solennelle, partant de la chefferie d’Acaé jusqu’à la résidence de l’ambassadeur de France, a été organisée à cette occasion. Ce moment tant attendu depuis un quart de siècle, a révélé la force de leur héritage culturel et spirituel. Le recours à cette pratique, invoquée après une consultation des oracles ordonnée par l’Oga, autorité traditionnelle suprême, n’est pas le fruit du hasard, mais bien la réponse à plusieurs nécessités cruciales.
Fondamentalement, ce rite est une démarche de réconciliation avec les forces spirituelles qui l’entourent. Face aux défis pressants de notre époque, cette communauté aspire à apaiser les entités supérieures, les esprits de la nature et les ancêtres, demandant pardon pour les déséquilibres générés par l’activité humaine, à tous les niveaux.
Dans un monde en constante mutation, cette cérémonie se positionne comme une démonstration éclatante de l’identité Mpongwé et de la vivacité de ses coutumes. En vibrant de nouveau, cette coutume ancestrale prouve que la culture est plus qu’un simple souvenir, mais une force active qui guide le présent et inspire l’avenir.
Au-delà de sa dimension sacrée, cette manifestation est une invitation à la société tout entière. Comme l’a souligné Laure Igoho, porte-parole de la chefferie, le cérémonial est un reflet tendu à la communauté, encourageant l’introspection, la repentance et le resserrement des liens sociaux. Il souligne l’importance primordiale du respect de la terre, de la mémoire des ancêtres et des principes immuables.
Ce cérémonial offre une opportunité unique de transmettre les valeurs spirituelles et culturelles aux descendants. En participant à ce parcours spirituel, les jeunes se connectent à leurs racines et héritent d’un précieux legs.
L’événement lui-même, débuté aux premières lueurs du jour, a été précédé d’une période de purification, de prière et de réflexion. Les participants, vêtus de blanc, symbole de pureté et de lien avec les ancêtres, ont marché pieds nus et en silence, la main gauche posée sur la joue, geste de supplication à l’égard de la divinité.
Afin de respecter le caractère sacré, les autorités traditionnelles ont travaillé en étroite collaboration avec les forces de l’ordre, assurant un encadrement à la fois discret et efficace. La circulation a été adaptée pour permettre aux fidèles de parcourir les 11 kilomètres en toute sérénité. L’invitation à participer à cette manifestation a été étendue aux groupes alliés et aux personnes intégrées dans la communauté, soulignant l’importance de l’unité et de la solidarité dans cette démarche spirituelle.
En ressuscitant ce rituel ancestral, elle ne se contente pas que de célébrer son passé. Une façon de réaffirmer sa foi et sa volonté de bâtir un futur meilleur, fondé sur le respect de la tradition et l’harmonie avec le monde invisible. Cette procession est un puissant témoignage de la force d’un peuple attaché à son histoire, tourné vers l’avenir avec confiance.
Par Ange Michel Akendengue