POLITIQUE

Procès des Absents » : Quand la Justice Gabonaise Esquive le Cœur du Système

Le Gabon assiste actuellement à une mise en scène judiciaire qualifiée par certains observateurs, dont la figure politique Michel Ongoundou Loundah, de « procès des absents ».

Dans un communiqué cinglant, le président du parti Réappropriation du Gabon, de son Indépendance, pour sa Reconstruction (RÉAGIR) dénonce une opération d’« équilibrisme institutionnel » qui, loin d’être une catharsis pour le pays, masquerait l’incapacité ou le refus d’interroger les véritables rouages du scandale financier de l’ère Bongo-Valentin.

Si le « procès » met en lumière la « débâcle financière » évoquant la Young Team, les réseaux, et les dépenses infinies il manque, selon lui, « un élément essentiel au tableau » : les institutions qui ont permis la fuite des capitaux.

« Il faudrait être naïf pour y voir une catharsis, alors qu’avec un peu de lucidité, l’on s’apercevrait très vite qu’il manque un élément essentiel au tableau. » A-t-on pu lire.

Il souligne que ce récit judiciaire évite « soigneusement de nommer la structure sans laquelle rien n’aurait existé : la banque ». Le véritable cœur, l’« ingénierie » et le « système nerveux du scandale », demeure hors de portée de la justice.

L’institution financière pointée du doigt est la BGFI Bank. Malgré son rôle central dans l’hébergement des flux financiers controversés, la banque reste « derrière le rideau, silencieuse, immobile, immaculée ».

Cette anomalie est incarnée par la figure de Henri-Claude Oyima, PDG de BGFI et simultanément Ministre de l’Économie du Gabon. Une double casquette jugée totalement incompatible et qui, selon l’opposant, constitue le paradoxe parfait de la « fission éthique » gabonaise.

Incompatibilité Totale : Cette situation choque même au-delà des frontières. Le ministre tchadien des Finances, Tahir Hamid Nguilin, a exprimé publiquement son étonnement. De plus, la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) a officiellement confirmé aux autorités gabonaises l’incompatibilité de ces deux fonctions, un document qui aurait été « soigneusement ignoré ».

La crise éthique se double d’une crise économique sérieuse. Avec un endettement approchant les 80% du PIB bien au-dessus du seuil régional et un déficit de change qui fragilise les réserves de la zone CEMAC, le Gabon met en péril les programmes d’appui accordés à ses voisins.

La communication de Michel Ongoundou Loundah relève l’absence remarquée d’Oyima aux assemblées annuelles du FMI à Washington, une posture peu appréciée par ses pairs, au moment même où les finances gabonaises inquiètent la communauté internationale.

Au-delà des institutions, des acteurs clés sont également passés sous silence. L’ancien Trésorier Payeur Général du Gabon, Franck Yann Koubdjé, voit sa signature citée dans les documents, l’autorisant aux sorties de fonds publics. Cependant, son nom ne fait que « flotter comme une simple note de bas de page, parfois citée, jamais examinée », alors que son témoignage serait indispensable dans une démocratie fonctionnelle.

Pour lui, tant que le Gabon ne s’attaquera pas aux fonctions et aux systèmes plutôt qu’aux seuls individus déjà écartés du pouvoir ce spectacle judiciaire ne pourra être considéré comme un procès véritable.

Il conclut en dénonçant, non pas une révolution judiciaire, mais « une répétition générale » ou, pire, une « honteuse et pathétique mascarade », où les vrais accusés et les systèmes institutionnels intouchables restent confortablement dans l’ombre.

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