Oligui Nguema transforme le RDB en parti : Un coup de maître ou un coup de poignard au pluralisme gabonais ?
L’annonce de la transformation du Rassemblement des Bâtisseurs (RDB) en parti politique par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, prévue pour le 28 juin 2025, est loin d’être une simple formalité. Elle sonne plutôt comme un affront à l’ensemble du paysage politique, et suscite une légitime inquiétude quant à l’avenir du multipartisme dans le pays.

Derrière le vernis du « projet politique cohérent » et de la « volonté du peuple », se cache une manœuvre d’une ampleur inquiétante : la vampirisation des partis existants au profit d’une entité créée de toute pièce et entièrement dédiée à la glorification du chef de l’État. L’appel « à toutes les forces vives de la nation » n’est rien d’autre qu’un appel à la défection, une incitation à abandonner les convictions et les affiliations politiques existantes pour rejoindre la bannière du nouveau pouvoir.
L’ironie est palpable : Brice Clotaire Oligui Nguema, élu massivement en avril dernier avec le soutien de partis déjà établis, prépare activement leur démantèlement. Comment interpréter ce geste autrement que comme une trahison envers ceux qui ont contribué à sa victoire ? Faut-il y voir une volonté de s’affranchir des alliances, de se débarrasser des partenaires devenus encombrants, ou pire, une ambition démesurée de concentration du pouvoir ?
La perspective d’un parti unique, évoquée avec inquiétude par de nombreux observateurs, se dessine avec une clarté glaçante. Le RDB, fort de son positionnement au cœur du pouvoir, bénéficiait d’avantages indéniables : ressources illimitées, visibilité médiatique omniprésente, et surtout, la promesse de faveurs pour ceux se ralliant à son projet. Face à cette machine de guerre politique, comment les partis traditionnels, déjà affaiblis par des années de crise et de divisions, pourront-ils résister ?
L’argument de la « construction d’un avenir meilleur » résonne creux face aux réalités du terrain. Le Gabon a besoin d’un débat pluraliste, d’une opposition forte et constructive, et non d’une uniformisation forcée sous la bannière d’un parti présidentiel. La diversité des opinions et des sensibilités politiques est une richesse, un gage de vitalité démocratique, et non un obstacle à éradiquer.
Plus alarmant encore est la dénonciation de la « naissance des clans et fratries » gravitant autour du pouvoir, des groupes d’influence méprisant les principes d’inclusion et de cohésion nationale. Si ces accusations s’avèrent fondées, il risque de devenir un instrument de consolidation d’un pouvoir autocrate, au profit d’une élite restreinte et coupée des réalités.
Sa création soulève des questions fondamentales sur l’avenir de la démocratie. Le pays pourrait basculé vers un régime autoritaire, masqué derrière une façade de modernité et de progrès.
Il est impératif que la société civile, les partis politiques et les observateurs internationaux se mobilisent pour défendre les principes du multipartisme et de la liberté d’expression, afin d’éviter une dérive dangereuse et potentiellement irréversible. Ce nouveau né, loin d’être un instrument de rassemblement, apparaît comme une menace imminente pour l’équilibre politique.