Lutte contre le paludisme / partenariat Afrique-Europe : réflexion sur les mécanismes d’intervention d’urgence en zones rurales très isolées
L'étude produira des données probantes sur l'intervention utilisée pour gagner du temps avant d'atteindre un établissement de santé.

Le nouveau consortium SEMA ReACT (SEvere MAlaria treatment with Rectal artesunate and Artemisinin-based Combination Therapy) vise à combler le manque de données probantes sur l’utilisation d’une intervention initialement destinée à gagner du temps, suivit dès que possible par un traitement par voie orale lorsqu’un transfert rapide vers un établissement de santé n’est pas possible.
Une infection palustre non traitée peut rapidement se transformer en une urgence médicale avec risque de décès dans les 24 heures après l’apparition des symptômes. Dans certaines zones rurales, l’hôpital le plus proche peut se trouver à plus de 6 heures de route. Pour les enfants gravement malades incapables de prendre un médicament par voie orale, l’administration d’artésunate par voie rectale permet de gagner un temps précieux en attendant d’arriver à l’hôpital. Au Gabon, il existe des régions très isolées où les patients atteints de paludisme n’ont pas accès à un centre de santé, par manque de moyens de transport, à cause d’inondations pendant la saison des pluies, par manque d’infrastructures et de services, ou à cause de problèmes de sécurité ou de coûts.
Cette étude observationnelle de Phase IV vise à optimiser la prise en charge pré-transfert des patients atteints de paludisme grave, dans des conditions de vie réelle, en mettant en œuvre et en évaluant une nouvelle approche de prise en charge du paludisme grave, lorsqu’un transfert rapide vers un établissement de santé n’est pas possible. Cette approche innovante est destinée à répondre aux défis réels auxquels sont confrontés les personnes vivant dans des zones rurales très isolées, et notamment l’impossibilité d’atteindre un établissement de santé à temps pour y recevoir un traitement.
« Les nouveaux outils de lutte contre le paludisme ne sont utiles que s’ils sont intégrés dans les politiques et les pratiques des soins de santé, et s’ils font une différence dans la vie réelle des personnes qui en ont besoin, » déclare Jean-Pierre Van geertruyden, Professeur de Santé globale à l’Université d’Anvers en Belgique. « Ce projet de mise en œuvre est une étape indispensable, car il permettra d’évaluer et, espérons-le, de surmonter les obstacles à la mise en œuvre et au maintien de stratégies de qualité pour la prise en charge du paludisme grave. »
« Les personnes vivant dans la pauvreté dans des zones rurales très isolées sont parmi les plus exposées au risque de paludisme dans le monde, » déclare George Jagoe, Vice-Président Exécutif, Accès & Gestion des Produits de MMV. « En explorant des modes d’utilisation pragmatiques des médicaments antipaludiques actuels pour obtenir des résultats optimaux pour la prise en charge du paludisme grave dans ces environnements difficiles, cette étude pourrait contribuer à améliorer à l’avenir les algorithmes de prise en charge du paludisme grave en milieu rural. »
Le consortium est financé par le Partenariat Europe – Pays en développement pour les essais cliniques (EDCTP) et le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation suisse (SEFRI). Sa direction scientifique est assurée par le Centre de recherche sur les maladies tropicales de Zambie, et le Global Health Institute de l’Université d’Anvers en Belgique en assure la gestion et la coordination. Le volet sciences sociales de l’étude est dirigé par l’Université de Kinshasa en République démocratique du Congo. L’Institut national de la recherche médicale (NIMR) de Tanzanie dirige l’analyse moléculaire, et MMV (Medicines for Malaria Venture) est chargé de la communication et de la diffusion des données générées par l’étude.
Malgré les succès remportés, notamment l’extension de la Chimioprévention du Paludisme Saisonnier (CPS) et l’augmentation du nombre de combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA), les efforts d’éradication se heurtent à de nombreuses difficultés, en particulier dans la région africaine.
En 2021, la région africaine regroupait environ 95 % des cas de paludisme dans le monde, dont près de la moitié dans quatre pays : Nigeria (26,6 %), République démocratique du Congo (12,3 %), Ouganda (5,1 %) et Mozambique (4,1 %). Pendant cette même année, 96 % des décès liés au paludisme dans le monde provenaient de la région africaine, et près de 80 % étaient des enfants de moins de 5 ans.
Le paludisme est une maladie évitable et curable. Lorsqu’elle est diagnostiquée et traitée rapidement, les patients se rétablissent complètement avec peu de risques de conséquences à long terme. Toutefois, en l’absence de traitement, la croissance incontrôlée des parasites dans le sang peut avoir des conséquences à long terme, en particulier sur le développement de l’enfant.