POLITIQUE

Interview : « les gabonais se plaignent du fait que le gouvernement ait pris l’habitude de modifier les lois quand elle veut et comme elle veut » dixit Makita Gnembo Théophile

Dans une interview accordée récemment à notre rédaction, le président du parti "Rapid" Makita Gnembo Théophile, se prononce sans langue de bois sur la situation sociopolitique de l'heure au Gabon.

1/ Bonjour, Président Makita Gnembo Théophile. Comment voyez-vous la situation politique actuelle suite à la modification de certains articles lors de ces élections générales au Gabon, votre point de vue ?

Réponse : Nous sommes des acteurs politiques avant d’être acteurs politiques nous sommes d’abord gabonais, la loi nous devons tous la connaitre à tous les niveaux, nous savons que des dispositions ont été prises pour que les lois ne soient pas modifiées en période électorale, malheureusement à chaque fois ce sont les mêmes choses qui reviennent ; les gabonais se plaignent du fait que le gouvernement ait pris l’habitude de modifier les lois quand elle veut et comme elle veut, cette concertation politique récente aurait pu ne pas avoir lieu, ils auraient dû modifier également les lois mano militari comme ils le font en ce moment pour la loi relative à toutes les élections. Je ne comprends pas que cette disposition n’ait pas été exposée pendant la concertation politique, qui a été boudée par un certain nombre de compatriotes et qu’aujourd’hui unilatéralement le PDG car c’est lui qui gouverne, va décider comme cela de bafouer aux pieds, les règles élémentaires d’un état de droit,  moi je pense que limitons nous à prendre actes, prenons actes de cette nouvelle forfaiture,  de cette nouvelle, j’ai envie de dire tentative d’expropriation des compatriotes des acquis parce que nous constatons que tout ce qui a été mis en place depuis 2018, pour des élections apaisées, transparentes et qui ne souffraient d’aucune contestation, au fur et à mesure qu’on avance  vers  des élections groupées de 2023, première expérience avec tous les risques que cela peut comporter, chaque fois qu’on avance, il y ‘a de nouvelles manipulations de textes, à quel sein ? A qui profiterait ces manipulations, seul Dieu le sait et pour quelle fin ? Moi je pense, observons et qui vivra, verra ; nous sommes fatigués de toujours, chaque fois dénoncer. L’opposition cela ne consiste pas seulement à dénoncer et nos avis ne sont pas pris en compte, ils ne sont pris en compte que lorsqu’on les associe dans une espèce de parodie de concertation politique, là ils sont pris en compte, Ils sont pris en compte quand cela va dans le sens de soutenir l’action du gouvernement, dans le sens d’accepter bon gré et mal gré et contre une autre proposition qui aurait pu être favorable à l’opposition, on rejette un, on n’accepte un, ils acceptent. Mais à quoi servent nos avis finalement si ce que nous disons n’est pas pris en compte ? à quoi servent nos avis si chaque matin les gouvernants, je veux dire l’exécutif prend une décision au mépris de l’existence d’une population, d’un peuple, d’une opposition, et puis au mépris de ce que penseraient les organismes internationaux qui observent de très loin et à distance ce qui se passe au Gabon ? Il faut qu’on arrête ça. Dans ma voix, vous sentirez l’espèce de désespoir, l’espèce de désarroi parce que un moment donné on a pensé accompagner le gouvernement dans la mise en place des dispositions qui seraient favorables à une élection transparente et apaisée et acceptée de tous mais là, on a l’impression qu’ils ont un deuxième calendrier en marge de celui que nous avons essayé de regarder pendant la concertation politique. Nous prenons acte et puis advienne que pourra !    

2/Monsieur le Président, nous avons assisté à une situation, qui devait être plus que dramatique au siège du Sénat, il y’a quelques jours ou certains leaders de formations politiques sont allés présenter leurs mécontentements et les choses sont allées dans tous les sens et vous en tant que leader de formation bien ancrée au Gabon, Quel est votre sentiment à cela ? 

Réponse : C’est dommage que ce type de spectacle qui va faire désormais le tour de la toile, le tour du monde, sorte du Gabon et c’est regrettable parce que c’est quand même un ancien premier ministre du Gabon qui s’est manifesté publiquement au vu de ce qu’il a reçu en face et c’est le début de la contestation des résultats des élections quel que soit l’élection, même si elle est transparente, elle sera contestée.

L’élection je voulais qu’elle soit transparente avec tout ce qui faut comme arbitre, elle sera contestée dans la mesure où l’exécutif qui manipule et qui est censé maitriser les lois, va jusqu’à retirer la substance d’une élection transparente, c’est la présente d’un représentant de candidat dans un bureau de vote, cela veut dire que tout ce qui va se faire, sera contesté et ce qui s’est passé au Sénat prouve à suffisance que le gouvernement prépare une forfaiture qui ne dit pas son nom et cela, les gabonais le savent et le sentent. En acceptant d’aller à la concertation politique avec les documents que nous avions proposés, nous avons pensé que le gouvernement jouait franc jeu et moi Makita Gnembo, Théophile, Président du Rapid, je me rends compte que le gouvernement joue un mauvais jeu, ils ne sont pas sincères, ils ne peuvent pas nous appeler à quelques mois pour régler certains dossiers et avoir caché quelques dossiers de côté et qu’ils ressortent pour les faire adopter par le parlement sous le dos du peuple gabonais. Moi cela m’amène même à remettre en cause tout ce qui a été décidé à la concertation politique parce qu’il y’ a comme de la perfidie dans les comportements de ceux qui ont la gestion du pays.

3/Monsieur le Président, comment préparez-vous en aval, en ce moment, cette élection des députés, des élus locaux, des départementaux y compris la présidentielle ?

Réponse : La présidentielle, le Rapid n’a pas de candidat, nous ne pouvons pas préparer une élection quand on a pas de candidat, sauf si nous sommes sollicités par un candidat pour un soutien politique et parce qu’il n’est pas temps pour avoir un candidat la présidentielle ; Par contre pour les autres élections, quel que soit ce que je viens de dénoncer, la mascarade qui se prépare à l’horizon, nous avons obligation de nous organiser, de nous préparer parce que  la politique de la chaise vide ne paie pas et nous souhaitons être présents le jour où cette élection sera annulée, reportée ou qu’une transition politique, pacifique sera reconnue et accepté de tous y compris l’opinion internationale.

Il ne faut pas être là-dedans sans avoir préparer des candidatures aux différentes élections parce que si le gouvernement fait marche arrière par rapport aux dispositions qu’ils ont prises en se rendant compte que ces dispositions sont impopulaires ; le Rapid aura présenté des listes de candidature dans les localités choisies et pour lesquelles nous avons des candidats suffisamment bien placés. Le Rapid prépare ses candidatures comme si rien en était, nous avons des candidats aux locales, aux législatives dans certaines provinces. 

4/Quelles sont les provinces qui vous sont déjà acquises pour aller aux élections dans différents coins du pays en présentant vos différents candidats, en dehors de la validité de dossiers qui seront statués ?

Réponse : D’abord je déplorais les manigances de l’exécutif qui continue à reprocher la loi sur les élections également je déplore comme tous les compatriotes, la manière dont les listes et les différentes dates ont été rendu publiques de façon cavalière ; il fallait attendre le retour du Chef de l’Etat de je ne sais quelle conférence à l’extérieur pour que les listes soient balancées aux visages des gens comme cela, on vous demande en l’espace de deux semaines, de quatorze jours de fournir des listes. C’est vrai d’aucun diraient : vous saviez qu’il y’aura des élections et qu’attendiez-vous ? Mais non dans ce cas, je renvoie la question au gouvernement : vous saviez qu’il y’aurait des élections, pourquoi avoir attendu quatorze jours pour demander aux gens ou bien pour fixer les dates des élections. Pourquoi depuis janvier, février et mars, avril on a pas ces dates pour que nous ayons au moins trois mois de préparation pour que les choses se fassent dans la paix et dans la transparence totale avec  tout le temps. Là ça va dans tous les sens, ça court dans tous le sens. Aujourd’hui, nous avons tant que faire se peut composer les listes. Le Rapid a des listes dans le Haut-Ogooué, dans la Ngounié, dans le Moyen-Ogooué, dans l’Ogooué Maritime et dans la Nyanga et quelques hésitations dans l’ogooué Ivindo et j’espère que la liste que nous allons présenter là-bas va disponible et dans l’Ogooué Lolo, nous n’avons pas eu des listes. Cette année on a quand même fait l’effort de couvrir huit provinces sur neuf. En 2018, nous avions six provinces sur neuf. Chaque année, on essaie d’évoluer de façon à avoir au moins un candidat parce que un parti politique, il est national et il doit donc être représenté partout. Aujourd’hui la concurrence reste la province de l’Ogooué lolo pour que le Rapid ait au moins un candidat dans chacune des provinces du Gabon mais le parti politique est présent dans l’Ogooué Lolo, à la seule différence que nous ayons des candidats à présenter pour gagner dans ces provinces.

5/Monsieur le Président, un mot à l’endroit des populations gabonaises, un mot à l’endroit de vos militants et sympathisants durant ces élections ?

Réponse : D’abord un appel au calme et puis à la retenue parce que simplement nous savons ce que les autres veulent en face mais la solution n’est pas de répondre au jet de pierres par le jet de pierres. Mes militants ce sont des citoyens corrects, nous dans un  jeu d’opposition normal, nous condamnons tout ce qui n’est pas conforme à la loi, nous condamnons tout  ce qui sont des dispositions prises par eux-mêmes les gouvernants,  nous condamnons l’excès d’autorité et tous ces ingrédients concourent et ouvrent la porte à une violence qui va faire du Gabon, un pays toujours plongé dans la tristesse, la veille, pendant ou après les élections. C’est dommage parce que ils y’en a qui ont une idée de ce qu’ils veulent faire du Gabon mais nous nous pensons que le Gabon doit être le havre de paix que Monsieur Omar Bongo Ondimba a laissé. Il ne faut pas que le Gabon qui n’a pas connu de violence militaire sérieuse, plonge dans ces violences par le fait des politiques parce que les militaires nous regardent, les soldats, les hommes en armes nous regardent et c’est bien souvent les arbitres de dernière minutes et ce serait dommage !

J’ajouterais cette interrogation : « Pourquoi un parti populaire dit parti de masse qui rassemble  du monde à tous les meetings trouve encore le malin plaisir de modifier les textes à la veille d’une élection, je dirais capitale puisque c’est un troisième mandat pour le P.D.G et pour nous c’est un mandat de libération pour 2016 alors qu’est-ce que le pouvoir qui est  populaire, qui vient de faire une tournée « républicaine », qui a fait déjà une précampagne gagnerait  à modifier les textes alors que c’est un parti populaire  de masse qui a du monde derrière et qui ne cesse de remplir les stades ?    Alors dirait quelqu’un comme nous sommes désormais membres du common wealth :  « Wait and see » !

Fin.

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