INJS-ENAM : Pendant que les Milliards Circulent, l’Élite Étudiante Mendie pour Survivre
L’image est choquante et révélatrice d’une profonde crise de priorités au Gabon. Alors que les discussions publiques brassent des milliards de francs, une partie de l’élite intellectuelle de demain, les étudiants de l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS) et de l’École Nationale des Arts et de la Manufacture (ENAM) est réduite à mendier les moyens les plus fondamentaux pour leur subsistance et la poursuite de leurs études.

Leur mouvement de grève initié depuis plusieurs jours, loin d’être un caprice, est un cri de détresse devant le ministère de la Jeunesse, des Sports, de la Culture et des Arts. L’exigence est d’une simplicité désarmante et, pourtant, bafouée : le paiement immédiat de leurs bourses d’études promises.
La situation financière est bien au-delà du simple désagrément : elle est critique et intolérable. Les étudiants de l’ENAM, en particulier, sont dans une situation d’asphyxie totale, attendant la deuxième tranche de leur bourse, ce qui équivaut à un retard stupéfiant de six mois. Ceux de l’INJS ne sont guère mieux lotis, cumulant trois mois d’arriérés.
Pour ces jeunes, souvent loin de tout soutien familial, ces fonds ne sont pas une « aide » discrétionnaire ; ils constituent la ligne de survie pour payer le loyer, se déplacer et, surtout, manger. L’État est en train de compromettre délibérément la capacité de ses futurs cadres à vivre décemment.
« Comment est-il possible d’exiger de nous de la concentration et de l’excellence académique quand l’État nous force à nous inquiéter de notre prochain repas ou du logement ? », s’insurge un étudiant, dont la voix porte la détresse de toute une promotion.
Au-delà de l’urgence pécuniaire, le mouvement met en lumière l’état de déliquescence des infrastructures éducatives. La jeunesse gabonaise n’est pas seulement affamée, elle est contrainte d’étudier dans des conditions qui frisent l’indignité :
Le manque criant de salles de classe climatisées.
L’absence d’un laboratoire adapté pour les filières spécialisées comme les arts graphiques.
L’inacceptable inexistence d’un restaurant universitaire fonctionnel.
L’état déplorable de l’infirmerie, indigne d’accueillir des étudiants malades.
« Nous ne demandons pas des palais, mais simplement les conditions minimales et décentes pour nous former correctement et devenir les cadres compétents que le Gabon prétend vouloir », explique une étudiante, soulignant l’amère ironie de la situation.
Face à cette mobilisation pacifique, mais désespérée, la réponse du ministère concerné est un silence assourdissant. Ce mutisme est perçu comme un profond mépris pour la jeunesse et, par extension, pour l’avenir même de la nation.
Le combat de ces étudiants dépasse la simple question de l’argent ; il est un rappel cinglant que l’investissement dans l’éducation n’est pas une dépense que l’on peut reporter, mais le pilier fondamental de la construction nationale. L’État gabonais a une obligation morale et stratégique d’agir immédiatement avant que cette crise de la bourse ne se transforme en une crise de confiance irréversible de sa jeunesse.




