SOCIÉTÉ

Gabon : Course effrénée vers les infrastructures, Deux immenses espaces de conférences, quel intérêt ?

Désireux de renouer avec les événements continentaux et internationaux, le Gabon semble s’engager dans une course effrénée à la construction d’infrastructures d’exception.

Si l’idée de doter la nation de lieux adaptés pouvant accueillir des sommets et des conférences est louable, la décision de construire simultanément deux complexes majeurs, à savoir : la Cité de la Démocratie, avec son grand centre de conférence, et le Centre International des Conférences Omar Bongo Ondimba (CICOBO), soulève des interrogations légitimes quant à leur pertinence et à leur efficacité.

Annoncée par le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, la construction du CICOBO qui devrait disposé d’une salle de conférence de 1000 places, promet des standards d’accueil et d’équipement de pointe. De plus, l’élaboration d’un réseau routier fluide aux abords montre une volonté de l’initiateur à un développement plus large.

D’un autre côté, il avait lancé les travaux de réhabilitation de la Cité de la Démocratie, comprenant un grand complexe de conférence, lequel affiche des caractéristiques quasi similaires : salles de réunion, bureaux administratifs, salle de banquet, salle de congrès, espaces VIP.., et bien d’autres installations impressionnantes. Il inclut également des villas de prestige et un palais présidentiel.

Cependant, leur coexistence soulève une question essentielle : pourquoi cette duplication d’efforts, d’investissements et des ressources humaines ? Une seule infrastructure, conçue avec la même ambition et les mêmes standards, n’aurait-elle pas suffi ? L’argument de la capacité d’accueil ne justifie pas, à lui seul, cette dissémination. Bâtir une seconde structure en plus de la première, pour laquelle le gouvernement a déjà prévu des infrastructures, semble superflue.

Les implications financières sont évidentes. L’édification de deux complexes, au lieu d’un seul, multiplie les coûts de construction, d’équipement, de maintenance et de personnel. Dans un pays caractérisé depuis des décennies par un budget inférieur aux besoins les plus urgents, il aurait été plus judicieux d’optimiser les dépenses en se concentrant sur un projet unique et emblématique.

La société turque Summa, maître d’œuvre de la Cité de la Démocratie, témoigne de la main mise étrangère sur ce chantier. À la différence du CICOBO dont les travaux sont exécutés par l’entreprise Gabonaise Mika Services.

Au-delà des coûts directs, la question des coûts indirects se pose. La multiplication des sites de conférences risque de diluer les ressources humaines compétentes ainsi que les efforts en matière de promotion et de logistique. Ces deux projets bénéficieront-ils des mêmes équipes et d’une visibilité médiatique équivalente ? N’y a-t-il pas un risque de compétition interne, où les deux sites rivaliseraient pour attirer événements et participants ?

L’argument de la « modernité » et de la transformation économique, fréquemment avancé, justifierait cette double dépense. Une seule infrastructure, unique et majestueuse, aurait pu incarner ces idéaux. De plus, des questions subsistent déjà concernant leur utilisation.

L’ambition de la nation d’accueillir des événements de prestige est sans conteste légitime, mais la décision de construire deux centres de conférence de cette ampleur apparaît comme une solution coûteuse et potentiellement inefficace. La question « pourquoi deux au lieu d’un ? » reste en suspens et mérite des éclaircissements précis de la part des autorités. Seule une justification transparente et convaincante pourrait dissipé les doutes et garantir une gestion efficiente des ressources publiques.

Par S.E MISSEVOU

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