Derrière le vernis du consensus : l’entente sur la prochaine répartition de la subvention à la presse, un pansement sur une plaie béante ?
Dans un contexte politique gabonais en quête de stabilité et de renouveau, il est impératif de dénoncer les injustices persistant au sein de l’administration du ministre de la Communication, Laurence Ndong. Bien que la rencontre du 22 avril 2025 entre la ministre et les représentants de la presse ait été saluée comme un moment de dialogue constructif, il est essentiel de ne pas occulter les dysfonctionnements ayant conduit à cette crise.

La répartition jugée inéquitable de la subvention à la presse pour l’année 2024 a mis en lumière des pratiques administratives préoccupantes. De nombreux organes de presse privés se sont sentis lésés, exclus ou insuffisamment considérés dans l’attribution du fonds d’aide à la presse. Ce sentiment d’injustice n’est pas le fruit d’une simple indignation, mais le reflet d’une réalité où l’opacité des critères d’éligibilité et l’absence de dialogue entre l’administration et les éditeurs de presse sont devenues monnaie courante.
Il est alarmant de constater que, malgré les promesses de transparence et d’inclusivité, les décisions prises semblent dictées par des intérêts personnels au détriment d’une véritable équité. Les courriers adressés aux organes non retenus, censés justifier les choix effectués, ne suffisent pas à apaiser les frustrations. Ils témoignent plutôt d’un manque de considération pour le travail de ces médias qui se battent quotidiennement pour informer le public dans un environnement déjà difficile.
Cette rencontre, bien qu’elle ait permis d’ouvrir un dialogue, ne doit pas masquer les véritables enjeux. La mise en place d’une commission mixte afin de réfléchir aux critères d’éligibilité pour la subvention 2025 est un pas dans la bonne direction, mais il est crucial qu’elle soit véritablement représentative et prenne en compte les voix de tous les acteurs du secteur, sans favoritisme ni exclusion.
Il est également essentiel de rappeler que le rôle de la presse dans une démocratie ne se limite pas à être un simple relais d’informations. Elle doit être un acteur critique, capable de questionner les décisions de l’administration et de défendre l’intérêt public. Or, dans le climat actuel, où la peur de représailles et la censure semblent omniprésentes, il est difficile pour les journalistes de remplir cette mission.
Laurence Ndong, en tant que ministre, a la responsabilité de garantir un environnement où la presse peut s’épanouir librement, sans craindre d’être punie pour ses critiques. La transformation de la tension en opportunité, bien que louable, ne doit pas occulter les injustices continuant de gangrener le secteur. Un véritable changement ne pourra se produire que si la commission accepte de remettre en question ses pratiques et d’adopter une approche véritablement inclusive et transparente.
Il est temps pour l’administration de prendre conscience des injustices persistant et de s’engager résolument vers une réforme profonde de la manière dont les subventions sont attribuées.
La presse gabonaise mérite mieux qu’un traitement discriminatoire ; elle mérite d’être respectée en tant qu’acteur essentiel de la démocratie. C’est en agissant avec courage et détermination que nous pourrons bâtir un avenir où la liberté de la presse est non seulement reconnue, mais également protégée.