Conflit hommes faune / Mékambo : les planteurs touchent le fond, ils en appellent à la solidarité nationale
Le collectif des Planteurs de la Zadié à Makokou a déclaré récemment lors d’une réunion tenue à son QG ne plus pouvoir joindre les deux bouts suite à la dévastation massive de leurs plantations par les pachydermes. Mieux, plusieurs enfants sont à l’heure actuelle déscolarisés faute de moyens financiers de leurs parents dans l’incapacité de payer la scolarité ou de leur fournir le moindre trousseau scolaire.

La situation va de mal en pis dans la Zadie à Mékambo ou aucun jour ne passe sans que l’on enregistre des dégâts d’éléphants dans les plantations ou leur apparition dans les villages des populations locales. Trois points essentiels ont été inscrits à l’ordre du jour de la rencontre du collectif des planteurs, le jeudi 4 Novembre 2021, à son QG situé au quartier Mayéka. A savoir ;
1- remboursement par l’Etat des frais de dossiers extorqués aux populations par les agents du ministère des Eaux et Forêts.
Rappelons à ce sujet qu’en 2017 près de 200 cultivateurs de Mékambo victimes des éléphants s’étaient fait arnaquer par le chef de cantonnement des Eaux et Forêts qui, profitant de la situation, avait fait miroiter, moyennant la somme de 11 000 FCFA par dossier, une indemnisation que les villageois ne verront jamais, et les 11 000 de « frais de dossiers » volatilisés.
À propos, l’Honorable Idriss INGOGNET exprimait, sur la plateforme Métandou Mia Mékambo le 23 Octobre dernier, sa satisfaction sur le dénouement de ce dossier en ces termes :
« Je suis heureux d’apprendre de sources officielles qu’une délégation du Ministère des Eaux et Forêts (DGFAP et Cabinet du Ministre) séjourne depuis hier en terre ogivine.
En ce qui concerne le département de la Zadié, il me revient qu’un des objectifs de cette mission sera de régler l’épineux dossier « des victimes de l’arnaque des 11 000 Fcfa ». Voilà ici l’aboutissement d’un long feuilleton. Nos voix se sont fait entendre et le gouvernement a pris ses responsabilités. »
Dans sa déclaration au sortir de la réunion, Arnaud MOANDOMA, le charismatique porte-parole du Collectif a adressé, au nom des victimes de cette arnaque, des remerciements au gouvernement gabonais pour avoir restituer aux planteurs leur argent.
2- Régularisation des détenteurs de fusils de chasse.
Il a été demandé au cours de cette assemblée, aux propriétaires d’armes à feu de se signaler auprès de l’antenne locale des Eaux et Forêts afin de les déclarer et de se mettre à jour avec la réglementation.
3- Transformation du Collectif en Fédération des Coopérations Agricoles
Ce projet de mutation, louable et approuvé par tous, a pour objectif de mieux encadrer les agriculteurs de la Zadié dans le but de les professionnaliser et ainsi de rentabiliser leur activité.
Cette projection est également motivée par l’annonce de l’amélioration du réseau routier, notamment la transfrontalière initiée par la CEMAC.
Financée par la Commission de la CEMAC à travers le Fonds de développement de la communauté (FODEC), la route prévue pour relier le Gabon au Congo devrait en effet traverser la province de l’Ogooué-Ivindo en passant notamment par Makokou – Mekambo et Ekata soit 260 km.
« La route qui viendra, devrait faciliter les échanges et nous permettre d’écouler notre marchandise » a déclaré Arnaud MOANDOMA.
Dans les divers, les planteurs de la Zadié ont, au cours de leur réunion, abordé la question liée à la scolarisation de leurs enfants.

Ruinés par l’action des pachydermes sur leurs cultures, unique source de revenus, les planteurs de Mékambo sont aujourd’hui dans l’incapacité de faire face aux dépenses liées à la scolarisations de leurs progénitures. À Mékambo plusieurs établissements scolaires manquent d’élèves à cause de cette situation.
« Les population de la Zadié n’ont plus de plantation et ne sont plus en mesure d’inscrire leurs enfants à l’école. Les enfants sont à la maison. À titre d’exemple, sur les 1500 élèves inscrits au Lycée de Mékambo, seuls 900 fréquentent l’établissement et assistent régulièrement aux cours. 600 élèves sont donc assis à la maison, faute de moyens » regrette Arnaud MOANDOMA dans sa déclaration. Cette situation préoccupante avait déjà fait l’objet d’une réunion convoquée par le proviseur du Lycée.
Le Collectif lance à cet effet un appel à la solidarité nationale afin de recevoir le soutien des « bonnes volontés et d’envoyer leurs enfants à l’école ». Rapporte Metandou Mia Mekambo.