Concours de l’ENA 2024 : les manifestants, déguerpis nuitamment par la gendarmerie
Le concours d’entrée à l’École Nationale de l’Administration (ENA) au Gabon suscite depuis plusieurs mois une vague d’indignation des candidats recalés, dénonçant de graves irrégularités dans le processus de sélection. Les interpellations faites dans la nuit d’hier par la gendarmerie ne pourrait faire qu’amplifier l’écho de cet épineux dossier et soulever des questions sur la transparence de l’administration.

En effet, dans la nuit du mardi 29 à mercredi 30 Avril 2025, un contingent de gendarmes a déguerpi l’ensemble des candidats recalés de l’ENA, campant devant l’Assemblée nationale pour exprimer leur mécontentement et réclamer justice. Dans la foulée, certains d’entre eux ont été relâchés dans différentes zones du grand Libreville mais pour la plupart au carrefour Rio, munis de leurs effets.
Cette décision de les évacuer intervient plusieurs mois après la délibération des résultats de ce concours controversé. Les autorités semblent demeurer dans un silence assourdissant, tandis que les jeunes aspirants fonctionnaires restent déterminés à faire entendre leur voix. Pour leur défense, ils ont méticuleusement rassemblé des éléments de preuves ainsi que la constatation d’un huissier de justice.
Ces derniers dénoncent des anomalies flagrantes : Admission de Candidats Échoués, n’ayant pas réussi les épreuves écrites ; Le basculement aléatoire de certains candidats d’une filière à une autre, sans raison apparente ; Plus des trois quarts des admis ont obtenu une moyenne au seuil de la réussite, soit 10,00, alors que des candidats ayant obtenu un score supérieur de 10,50 ; 11 ou même 12, se sont vus recalés malgré un potentiel de réussite évident aux épreuves orales. Etc.
Les recours déposés auprès des autorités compétentes par les plaignants n’ont absolument rien donner depuis sept mois, ce mutisme soulève des interrogations : que cachent elles, sachant que la transparence et la confiance dans le processus d’admission sont clairement mises à mal, l’absence de communication ne fait qu’alimenter les soupçons d’opacité.
A priori, le mouvement entamé il y a trois mois semble avoir tapé dans les nerfs du pouvoir de transition. Bien que ces jeunes gens aient été reçus à la Présidence de la République où il leur avait été promis une résolution rapide, triste est de constater qu’il n’y a de rien de tangible depuis lors. De retour chez eux, ils ont très vite compris avoir été les dindons de la farce.
La saga du concours de l’ENA ne concerne pas seulement une sélection d’apprenants mais laisse plutôt transparaître une problématique plus large, la mauvaise gouvernance et le manque de confiance que les gabonais ont envers leurs institutions. Ces revendications méritent d’être entendues et traitées avec un peu de sérieux.
Face à une jeunesse mobilisée, les gouvernants se doivent de trouver des solutions chirurgicales afin de restaurer la légitimité et la transparence au risque de mettre en péril son avenir.