Ali Bongo, Sylvia Valentin et Noureddine exfiltrés nuitamment vers Luanda par João Lourenço
L’arrivée d’Ali Bongo Ondimba et de sa famille à Luanda, suite à leur libération annoncée au petit matin du vendredi 16 mai 2025, marque un tournant dans la crise gabonaise post-coup d’État, mais soulève autant de questions qu’elle n’apporte de réponses. La médiation du président angolais, João Lourenço, présentée comme un succès diplomatique, mérite un examen critique. Si l’Angola consolide son influence en Afrique, cette action est-elle une véritable initiative de paix, ou une manœuvre politique habilement orchestrée ?

Le contexte est crucial. L’autorisation de quitter le territoire national de l’ancien président et ses proches, intervient plusieurs mois après un coup d’État condamné par la communauté internationale, lequel a posé la question de la légitimité du pouvoir putschiste.
Accueillir Ali Bongo à Luanda pourrait être interprété comme une reconnaissance implicite de son statut, sapant potentiellement la crédibilité du régime en place quoi que démocratiquement élu. L’absence de détails quant aux conditions de sa libération, s’agit-il d’une négociation assortie de concessions politiques ou économiques ? L’exfiltration suggérée soulève des questions sur sa réelle liberté, et l’hypothèse d’une retraite dorée à l’étranger ne peut être écartée.
L’opacité entourant cette situation suscite l’inquiétude. L’état de santé d’Ali Bongo, souvent évoqué, reste incertain. De même, sa sécurité à Luanda est-elle garantie ? L’Angola, perçu comme proche du clan Bongo, peut-il réellement assurer sa protection contre d’éventuelles menaces ?
Plus largement, cet événement interroge la sécurité des anciens chefs d’État africains face à la recrudescence des coups d’État. Il est essentiel de rappeler le contexte antérieur à cette libération : les efforts soutenus d’Ali Bongo pour la libération de ses proches, Sylvia Valentin et Noureddine, y compris des grèves de la faim, la pression des avocats et l’intervention d’acteurs internationaux. Leur exile est un événement complexe aux implications géopolitiques profondes.
Si l’Angola a joué un rôle diplomatique notable, de nombreuses zones d’ombre persistent. L’absence de transparence et la nature potentiellement stratégique de cette action exigent une analyse critique et un suivi attentif afin de mieux comprendre ses conséquences à long terme sur le Gabon et sur le continent africain. Une plus grande clarté des acteurs impliqués est indispensable pour dissiper les doutes et évaluer l’impact réel de cette libération en catimini.